L’âge de notre planète est de 4,54 milliards d’années. Le premier humain connu est âgé de 7 millions d’années. Notre espèce, Homo sapiens, a peuplé ce qui est aujourd’hui la France il y a 41 000 ans. À l’échelle d’une vie d’homme, les durées écoulées depuis ces évènements sont parfaitement abstraites, voire incompréhensibles. Pourtant, comprendre l’histoire de notre planète, et donc notre histoire, nécessite de se coltiner avec ces durées du « temps profond », qui se chiffrent en milliers, millions, centaines de millions d’années. Comment connaissons-nous ces âges ? Le cerveau humain peut-il réellement les appréhender ? Que signifient-ils ? Cette conférence tâchera d’apporter des réponses à ces questions et de montrer que les âges de la Terre sont riches d’enseignements pour les éphémères créatures que nous sommes.
Jean-Renaud Boisserie
Jean-Renaud Boisserie est paléontologue au CNRS. Il a obtenu son doctorat à Poitiers en 2002, dans le cadre des travaux de la Mission Paléoanthropologique Franco-Tchadienne, sous la direction des Prof. Michel Brunet et Patrick Vignaud. Son parcours professionnel a mené ses pas de Berkeley, en Californie (en postdoctorat) à Addis Abeba au Centre Français des Études Éthiopiennes, plateforme des travaux de recherche français en Éthiopie, en passant par le laboratoire de paléontologie du Muséum National d’Histoire Naturelle (en tant que chercheur CNRS). Il vient juste d’être affecté au laboratoire de paléontologie IPHEP de l’Université de Poitiers.
Ce chercheur est spécialiste des grands mammifères africains fréquentant les habitats humides, en particulier les hippopotamidés et les suidés, des animaux omniprésents dans les environnements fréquentés par les premiers représentants du rameau humain. Développant ses recherches à la fois au Tchad, en Éthiopie, au Kenya et en Afrique du Sud, en collaboration avec diverses équipes de recherche, notamment françaises, américaines et japonaises, Jean-Renaud Boisserie est un des rares paléontologues travaillant de part et d’autre du grand rift est-africain.
Ses travaux ont contribué notamment à renforcer l’idée qu’hippopotames et baleines sont de très proches parents. Ils indiquent aussi que les divers bassins
hydrographiques ayant hébergé l’évolution des hominidés au cours des cinq derniers millions d’années étaient vraisemblablement isolés les uns des autres.
Depuis 2006, Jean-Renaud Boisserie dirige une équipe de recherche internationale travaillant dans la basse vallée de l’Omo en Éthiopie, explorant l’impact des changements environnementaux sur l’évolution biologique et culturelle humaine de l’époque de Lucy à celle d’Homo erectus.